Plus vulnérables sur la route, les personnes âgées doivent envisager la conduite différemment.
Entre le besoin de sécurité et l’envie de préserver leur autonomie, suggérer à ses parents qu’il est peut-être temps d’arrêter de prendre le volant peut être vécu comme un véritable dilemme.
Alors, comment aborder ce sujet avec bienveillance et efficacité ?
Quels sont les signes à surveiller ?
Même si l’âge en soi ne suffit pas à déterminer l’aptitude à conduire, plusieurs signes peuvent alerter sur une baisse des capacités.
Les causes fréquentes des accidents chez les seniors sont :
- La perte de contrôle du véhicule : les seniors ont davantage d’accidents où ils perdent le contrôle de leur véhicule, essentiellement à cause de malaises.
- Le non-respect des priorités : un facteur récurrent, notamment aux intersections, lorsque celles-ci ont connues de modifications récentes.
Le risque d’accident augmente avec l’âge, principalement en raison de la diminution des capacités physiques et cognitives (réflexes ralentis, vision, audition, etc.). Entre 75 et 84 ans, le taux d’accidents graves est 3 fois supérieur à celui des conducteurs de 40 à 50 ans. Source : Étude de l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (IFSTTAR).
Ce sont ces signes qui doivent vous pousser à aborder la conversation, sans jugement, mais avec une profonde préoccupation pour leur sécurité et celle des autres.
Quelles solutions leurs proposer pour les dissuader ?
Le respect de leur autonomie, une clé essentielle
Les personnes âgées craignent souvent que l’arrêt de la conduite leur retire une part de leur indépendance. Conduire est synonyme de liberté : aller voir des proches, faire ses courses, voyager… C’est pourquoi il est important de ne pas présenter l’arrêt de la conduite comme une perte, mais plutôt comme une adaptation. Expliquer qu’il existe des alternatives :
- Transports en commun : Que ce soit en ville ou à la campagne, renseignez-vous sur les réseaux de transports en commun disponibles pour faciliter les déplacements quotidiens.
- Covoiturage solidaire : De nombreuses associations et collectivités locales proposent des services de covoiturage dédiés aux personnes âgées. Ces services peuvent être gratuits ou à prix modéré, avec des chauffeurs bénévoles ou rémunérés.
- Transport associatif : Des associations spécialisées dans le soutien aux seniors comme « Les Petits Frères des Pauvres » organisent des accompagnements pour les courses, les visites médicales, ou les sorties culturelles.
- Taxis sociaux : Certaines communes ou organisations mettent en place des « taxis sociaux » ou « taxis solidaires ». Ce service est moins coûteux que les taxis traditionnels.
- Transport à la demande (TAD) : Ce service est souvent organisé par les collectivités locales et permet de réserver des trajets spécifiques pour les seniors. Les trajets sont adaptés en fonction des besoins, avec des horaires flexibles.
- Bénévolat de voisinage : Des réseaux de solidarité entre voisins, comme Voisins Solidaires ou Voisin-Âge, mettent en relation des bénévoles avec des personnes âgées pour des accompagnements dans leurs déplacements.
Utiliser des faits objectifs
Outre l’argument émotionnel, vous pouvez vous appuyer sur des éléments concrets :
- En 2021, les conducteurs âgés de 65 ans et plus représentaient 26% des décès sur la route en France, bien qu’ils ne représentent que 20% de la population. Source : ONISR (Observatoire national interministériel de la sécurité routière) – Bilan 2021.
- Les conducteurs âgés de plus de 70 ans ont un risque 2 à 3 fois plus élevé de mourir dans un accident de la route que les conducteurs plus jeunes. Source : Organisation Mondiale de la Santé, Rapport 2018.
Proposer une évaluation médicale
Si le parent semble réticent à l’idée d’arrêter de conduire, suggérer une évaluation par un médecin agréé peut offrir une solution intermédiaire. Un examen des aptitudes à la conduite permet d’obtenir un avis professionnel et d’éviter que la décision ne soit perçue comme une imposition familiale. Cela permet aussi de poser un cadre objectif, et si besoin est, d’accepter une limitation ou une cessation de la conduite sur la base de faits médicaux.
Proposer un stage de remise à niveau
Les stages de remise à niveau offrent l’occasion de faire un bilan de sa conduite. Pour les conducteurs seniors, en particulier ceux ayant obtenu leur permis il y a longtemps, ces stages sont aussi une opportunité de se remettre en phase avec la réglementation.
Ils sont souvent proposés par les collectivités locales, les associations, les préfectures, les mutuelles ou les assureurs sous forme d’ateliers. Certaines auto-écoles proposent également des formations payantes spécifiquement conçues pour les seniors.
La corde sensible : un argument puissant
Un ultime levier peut être de toucher la corde sensible. Par exemple, évoquer la sécurité des petits-enfants peut provoquer une prise de conscience. Leur amour pour leur famille peut surpasser leur désir de continuer à conduire. En abordant les choses sous cet angle émotionnel, la prise de conscience est avant tout un acte d’amour et de protection envers ses proches.
Que faire s’il ne vous écoute pas ?
Si vos tentatives pour dissuader un proche de conduire n’ont pas abouti, vous avez la possibilité de signaler la situation au préfet du département.
Si ce signalement est jugé légitime, le préfet pourra demander un examen médical du titulaire du permis par un médecin agréé, expert en aptitude à la conduite. Ce dernier proposera, si nécessaire, des ajustements pour permettre une conduite en toute sécurité et en conformité avec la loi.
Après réception de l’avis médical, le préfet pourra décider de maintenir le permis, d’accorder un permis de conduire limité (dans le temps ou avec des restrictions spécifiques), ou de retirer le permis.
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